Le modèle médico-économique particulier des antibiotiques est insuffisamment attractif

Depuis une trentaine d’années, seules deux nouvelles molécules ou stratégies thérapeutiques ont été développées en antibiothérapie. Le manque d’innovation réside essentiellement dans la faible rentabilité du modèle économique des antibiotiques par rapport aux autres domaines thérapeutiques. En effet, les antibiotiques sont des médicaments avec un prix peu élevé, et dont l’utilisation est limitée dans le temps. Pourtant, le développement de nouvelles molécules est très onéreux, en raison du défi technique et technologique posé par l’antibiorésistance. Par ailleurs, les industriels sont confrontés à un paradigme peu incitatif : il leur est demandé de développer de nouveaux antibiotiques innovants, qui devront pourtant être utilisés le moins possible. En effet, pour préserver l’efficacité de ces nouvelles molécules de dernier recours, celles-ci devront être distribuées avec parcimonie, et uniquement à l’hôpital. Cette situation de tension est renforcée par un environnement réglementaire et économique qui n’incite pas à innover. L’existence d’un cadre juridique restrictif limite l’accès des patients à certains produits innovants qui n’entrent pas dans les lignes réglementaires. A contrario, l’absence de définition claire empêche l’évaluation de nouvelles technologies alternatives aux antibiotiques. Enfin, malgré les efforts de recherche et de développement susceptibles d’être menés dans les prochaines années, la spécificité écologique des antibiotiques reste insuffisamment prise en compte. Le domaine bactérien se caractérise par un lien fort entre la santé humaine, animale et environnementale. Les nombreuses interactions entre ces différents agents favorisent l’émergence de résistance, ce qui implique une recherche et un développement constant de nouvelles approches thérapeutiques.

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