La couverture forestière

Les forêts tiennent une place primordiale dans le fonctionnement de la Terre : elles renferment des quantités élevées de carbone et libèrent de l’oxygène ; elles influencent les précipitations, filtrent l’eau douce et préviennent les inondations et l’érosion des sols ; elles produisent des aliments de cueillette, le bois-énergie et les médicaments consommés par les individus vivant en leur sein et à leurs abords ; elles sont les magasins des futures variétés de cultures et des matériels génétiques aux propriétés thérapeutiques encore inexplorées. Quant au bois et aux autres fibres issus de la forêt, elles servent tour à tour de combustible renouvelable et de matière première entrant dans la fabrication du papier, des emballages, des meubles et des habitations. Si les pressions sur les forêts varient d’une région à l’autre, la première cause de déforestation est l’expansion de l’agriculture, en partie portée par l’élevage industriel et les cultures dominantes que sont par exemple l’huile de palme et le soja (Gibbs et coll., 2010 ; Hosonuma et coll., 2012 ; Kissinger et coll., 2012). En dehors des petits agriculteurs, que la pauvreté et l’insécurité foncière amènent à jouer eux aussi un rôle négatif, l’extraction minière, l’hydroélectricité et les autres projets d’infrastructures exercent également de lourdes pressions, dans la mesure où la construction d’une nouvelle route, en ouvrant les forêts aux colons et à l’agriculture, induit des effets indirects parfois profonds. Non loin de la déforestation, la dégradation des forêts est une grande menace. Parmi les facteurs déterminants de cet impact dans les forêts tropicales, on peut citer l’exploitation forestière insoutenable, la collecte de bois de chauffage et les incendies incontrôlés (Kissinger et coll., 2012). La dégradation épuise, d’un côté, les capacités reproductives et la fourniture de services écosystémiques des forêts sur pied, de l’autre, elle constitue aussi une source directe d’émissions de gaz à effet de serre et apparaît dans certains cas comme un catalyseur de déforestation. L’évolution des ressources des forêts du monde indique que le taux de déforestation net mondial a considérablement ralenti au cours des 25 dernières années (Département des forêts de la FAO, 2015). Ses dernières données montrent qu’en valeur nette, 129 millions d’hectares de forêts, soit une superficie supérieure à celle de l’Afrique du Sud, ont été perdus depuis 1990. Pour autant, ce chiffre net masque l’évolution des forêts naturelles par rapport aux forêts plantées : en effet, pendant cette période, ce sont en tout 239 millions d’hectares de forêts naturelles qui se sont volatilisés en termes bruts. Certes, les forêts plantées, dont la proportion est passée dans le même temps de 4 à 7% à la surface du globe, sont d’une importance non négligeable dans la fourniture de bois d’œuvre, la production d’autres ressources et le développement économique, mais leurs homologues naturelles sont souvent plus précieuses pour les services écosystémiques qu’elles rendent : en particulier, l’existence d’habitats de meilleure qualité offrant à la fois une plus grande diversité d’espèces et des capacités de stockage du carbone et de régénération vraisemblablement supérieures en rend la disparition particulièrement préoccupante (Gamfeldt et coll., 2013). Au-delà de la quantité des forêts, il est donc fondamental de pouvoir en suivre la qualité au niveau mondial.

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